« Pourquoi suis-je restée ? » Une question qui résonne encore dans la tête de Valérie, Mélanie et Pauline*. Ces trois habitantes du Pays de Retz ont été victimes de violences conjugales dans leurs couples. Dans cette dernière partie de notre dossier, elles racontent leur reconstruction, ce long chemin pour réparer leurs blessures et réapprendre à vivre, pas à pas.
« Ce qui m’a frappé c’était le silence » confie Mélanie lorsqu’elle dépose ses valises avec ses enfants dans un logement d’urgence. Mélanie se souvient de ce moment où, après une décennie de violences au sein de son couple, elle décide de quitter le domicile conjugal. L’association Trajet lui trouve alors un logement d’urgence, « une bulle de réconfort ». Mise à l’abri, la jeune femme respire à nouveau après des années d’apnée. Valérie évoque « l’appartement de la libération ! », un lieu transitoire qui lui a permis de se projeter vers l’avenir, première étape vers une vie sans peur.
Car ces femmes doivent réapprendre à vivre. Tout un réseau territorial se mobilise alors pour entourer et les soutenir dans ce parcours de libération : d’abord l’association Trajet pour le logement d’urgence, puis l’association Solidarité Femmes Loire-Atlantique, les services sociaux… Aide administrative, dépôt de plainte, soutien psychologique, scolarisation des enfants. Ces premiers mois hors de la violence sont décisifs.
« Le fait d’entendre d’autres femmes raconter ce qu’elles ont vécu, cela permet de se dire : Je ne suis pas seule ».
Proposés sur le territoire de Pornic agglo pays de Retz, les Ateliers du MOI offrent un espace pour rompre la solitude des victimes de violences conjugales. « Ils m’ont permis de me sentir moins seule », partage Pauline. Ces ateliers collectifs, mélange de relaxation méditative et travail autour du psychodrame aident les participantes à retrouver confiance en elles. « J’ai mis beaucoup de temps à accepter de l’aide. Mais aujourd’hui, je sais que cet accompagnement m’a sauvé ! », reconnait Mélanie. « Le fait d’entendre d’autres femmes raconter ce qu’elles ont vécu, cela permet de réaliser qu’on n’est pas folle, qu’on n’est pas seule », ajoute Valérie.
La solidarité et la bienveillance exprimées lors de ces ateliers permettent à ces femmes de déconstruire les peurs, et d’atténuer ce sentiment de culpabilité et de honte qui leur colle à la peau. « La notion de groupe est importante », explique Valérie. Car même s’il est présent lors de cette période transitoire, l’entourage n’a pas vécu ce que ces femmes ont traversé. « On se sent très seule et ces ateliers sont une bouffée d’oxygène », résume Valérie.
Aujourd’hui, Valérie, Mélanie et Pauline ont retrouvé un logement stable, parfois leur emploi. « On est debout, même si les blessures sont encore là », affirme Valérie. « On veut repartir, reconstruire quelque chose de sain pour nous et nos enfants », ajoute Mélanie. « On aspire à guérir, à retrouver le bonheur. Pas pour oublier, mais pour vivre, tout simplement », conclut Pauline. Leurs parcours montrent que la reconstruction est possible, même si elle prend du temps. « Il existe beaucoup de choses sur le territoire. Il ne faut pas forcément attendre d’être guérie, d’être débout pour se faire aider», insiste Mélanie.
En partageant leurs histoires, ces femmes brisent leurs chaines et sortent, pas à pas de l’emprise, loin de la violence, vers une vie apaisée.
*prénoms d’emprunt