Publié le : 7 décembre 2022 / Modifié le : 16 avril 2025
Jérémie Pichon et le zéro déchet : « Le local va être la clé du changement »
Invité par Pornic agglo Pays de Retz dans le cadre de la Semaine européenne de réduction des déchets en 2022, Jérémie Pichon est intervenu lors d’une conférence sur le thème du zéro déchet. Rencontre avec un convaincu, pour qui la transition écologique doit être un sujet du quotidien.
Comment votre démarche familiale autour du « zéro déchet » s’est-elle lancée ?
On était déjà dans une démarche écologique avant d’entamer le zéro déchet. En 2014, quand on a décidé d’y aller de manière drastique et forte, il y avait plein de trucs pour lesquels on n’avait pas encore trouvé la solution. Par exemple, le beurre. On avait toujours le problème de cet emballage fait de plastique et d’aluminium, qui se recycle difficilement. Donc, on est allés voir notre fromagère pour lui demander du beurre à la coupe. Ça a été un cap, parce qu’on arrivait chez les commerçants avec des contenants.
Quelles étaient les réactions des commerçants, justement ?
A l’époque, on était juste des Ovnis ! Personne ne faisait cela, même encore maintenant, on n’est pas si nombreux. On a défriché un peu le sujet. Le fait de passer à l’acte en prenant nos propres contenants, ça a été notre premier gros cap. Et c’est ce qui fait le zéro déchet aujourd’hui. Enlever ces emballages, c’est enlever un tiers de notre poubelle. Ensuite, si on veut enlever le deuxième tiers, il faut sortir de la grande surface et fonctionner en circuit court.
Quels ont été les effets de la crise sanitaire liée au Covid-19 sur ces questions de consommation ?
Durant le premier confinement, l’obligation a poussé les gens à se tourner vers les commerces locaux. Puis, tout le monde a repris ses habitudes. Le monde d’après est pire, car les indicateurs de consommations explosent. On a numérisé la consommation, avec des géants comme Amazon, par exemple. On est dans une logique d’ultra-satisfaction immédiate du désir du consommateur. Donc, c’est pire qu’avant selon moi.
« Sur le transport, il faut sortir de la logique individuelle, voiture électrique ou pas. »
Jérémie Pichon est l'auteur de l'ouvrage La famille presque zéro déchet.
Quelles solutions imaginez-vous pour le transport ?
La solution est collective, avec une économie de la fonctionnalité. Car 95 % du temps, notre voiture est immobile, donc il faudrait la partager, à l’échelle d’une rue par exemple. Sans oublier l’offre de déplacements collectifs : bus, trains… Il faut sortir de la logique individuelle, voiture électrique ou pas.
Quelles sont les réactions les plus courantes lors de vos rencontres avec les spectateurs qui viennent à vos conférences ?
En 20 ans de sensibilisation, la prise de conscience, elle est faite. Sur le terrain, on a une démocratie locale qui fonctionne. Les élus locaux font ce qu’ils peuvent, ils jouent bien le jeu. Cette transition écologique, si on veut la faire maintenant et rapidement, c’est avec les territoires. Le territoire, le local, va être la clé du changement. Je crois beaucoup en la démocratie locale, car elle fonctionne encore.