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Publié le : 31 octobre 2025 / Modifié le : 3 novembre 2025

Violences conjugales (1/3) : Quand l’échiquier se met en place

« Pourquoi suis-je restée ? » Une question qui résonne encore dans la tête de Valérie, Mélanie et Pauline*. Ces trois habitantes du Pays de Retz ont été victimes de violences conjugales dans leurs couples. Pendant quelques années, voire une grande partie de leur vie, elles ont subi la loi de leur conjoint. Toutes les trois analysent l’engrenage, la pente douce sur laquelle elles ont glissé durant de longues années. Témoignages de ces femmes qui aspirent désormais à réparer leurs blessures.

Psychologique, physique, voire sexuelle… La violence conjugale prend de multiples formes au sein du coupe. Au départ insidieuse et sournoise, elle s’installe et s’intensifie au fil du temps. Jusqu’au point de rupture, ce déclic qui a finalement poussé Valérie, Mélanie et Pauline* à se libérer de leurs ex conjoints et tenter de se reconstruire.

Pourtant tout avait bien commencé. Pauline évoque des débuts « alchimiques ». « Au départ, c’était vraiment la lune de miel, comme dans les romans d’amour ». Valérie se souvient « d’un gendre idéal » « qui cochait toutes les cases du futur père de famille ». Ni ces femmes, ni leur entourage n’ont perçu alors la moindre faille dans ces débuts de relation. Jusqu’à ce que l’échiquier se mette en place, marquant le début d’un long engrenage, dont elles mesurent aujourd’hui tout l’ampleur.

Bien souvent idylliques, les premiers mois de relation prennent ensuite une nouvelle tournure.

Pour Pauline et Mélanie, la relation bascule avec une pression constante de la part de leur conjoint. « Au début de notre relation, j’avais toujours le téléphone sur l’oreille, j’étais tout le temps connectée avec lui ! À tel point qu’il m’avait offert un kit main-libre pour la voiture », raconte Pauline. Pour Mélanie, c’est l’achat d’une maison, après quelques mois de relation, qui représente le point de bascule : « Je n’avais pas vraiment d’argent de côté pour cet achat, mais il me disait : « T’inquiètes, je gère, laisse-toi porter ». Si bien que son ex-conjoint achète une maison sans même en parler à Mélanie. Une maison qui l’éloigne, par ailleurs, de sa famille.

« Je me souviens qu’après l’accouchement, j’avais demandé à rester une nuit supplémentaire à la maternité. Je m’y sentais dans une bulle de calme, que je n’avais pas à la maison, avec lui ».

« Trop tard, tu es enceinte »

Avec l’arrivée d’un enfant dans le couple, la relation prend un virage à 180°. Pour Valérie, les premières violences psychologiques et verbales apparaissent : menaces de séparation, « Je t’aime » mêlés de chantage, accès de colère, hurlements… « À ce moment-là, je me suis dit : c’est trop tard, tu es enceinte »… Pauline, elle, ressent un manque profond d’empathie lors de sa grossesse. « Je me souviens qu’après l’accouchement, j’avais demandé à rester une nuit supplémentaire à la maternité. Je m’y sentais dans une bulle de calme, que je n’avais pas à la maison, avec lui ».

Le piège se referme, avec une sensation d’isolement, de dépendance, ressentie par ces femmes. En apnée dans leurs couples, elles parviennent parfois à retrouver leur souffle en l’absence de leurs conjoints. Valérie respire quand son conjoint est en déplacement professionnel et Mélanie se réfugie dans le travail, son « échappatoire », mais subit les violences de son conjoint à la maison. « S’il n’avait pas au moins un rapport sexuel par jour, c’est que j’étais une mauvaise femme » confie-t-elle, évoquant une dégringolade qui lui fait perdre jusqu’à 20 kg.

L’engrenage invisible

Des femmes usées par la peur, la culpabilité, les violences psychologiques, verbales, physiques ou sexuelles. Un engrenage dans lequel elles tombent au fil des mois, des années de relation avec l’autre, sans forcément se rendre compte des violences dont elles sont les victimes. Jusqu’au déclic, cette prise de conscience où la rupture et le départ paraissent irréversibles, pour la première fois.

*prénoms d’emprunt

Bon à Savoir

Afin de lever le tabou des violences faites aux femmes, un spectacle gratuit est proposé à l’Amphithéâtre Thomas Narcejac, à Pornic, le jeudi 20 novembre. Lors de cette représentation, la compagnie Live Comedy met en scène des paroles de femmes victimes de violences, recueillies lors des Ateliers du MOI.